Comprendre le réflexe d’éjection fort et l’hyperlactation

L’allaitement maternel a son lot d’aléas. Si des mamans sont confrontées à une production de lait insuffisante, une seconde difficulté, moins connue, peut survenir : la surproduction de lait et le réflexe d’éjection fort.

Fuites, seins trop pleins, poitrine douloureuse, la surproduction de lait peut représenter un véritable handicap à un allaitement serein. Mais aussi étonnant que ce soit, l’hyperlactation et le réflexe d’éjection ne sont pas des soucis en soi…tout dépend de vous et de la réaction de bébé ! 

Si vous pensez être en surproduction de lait ou avoir un réflexe d’éjection fort (REF), voici notre dossier complet sur le sujet. Vous y apprendrez à identifier les signes et gérer ces petits désagréments pour un allaitement serein, en osmose avec votre bébé.

Qu’est-ce que le réflexe d’éjection fort (REF) ?

Le réflexe d’éjection est un phénomène naturel, qui permet aux femmes d’éjecter le lait pour faciliter la tétée et le drainage du sein. 

Cependant, chaque femme est différente et leurs réflexes d’éjection aussi. Si certaines mères sont déstabilisées par une éjection lente, au goutte-à-goutte, d’autres mères sont confrontées à une éjection puissante du lait. C’est ce que l’on nomme le réflexe d’éjection fort (REF).

Qu’est-ce qu’une hyperlactation ?

Il s’agit d’un état de production de lait trop abondant vis-à-vis des besoins du bébé. Cette situation est difficile à déterminer avec certitude, car la production de lait de chaque mère diffère et s’adapte avec le temps aux besoins du nourrisson. 

Ainsi, il est fréquent de constater une production de lait trop abondante les premières semaines de l’allaitement. Mais lorsque celle-ci persévère après la 6ᵉ semaine, il peut être nécessaire d’en identifier les causes, si possible, il est possible d’adopter des gestes ou une routine adaptée afin de réduire ou réguler de nouveau la production de lait.

Réflexe d’éjection fort et hyperlactation : sont-ils indissociables ? 

En règle générale, l’hyperlactation et le réflexe d’éjection fort sont souvent associés. En effet, il n’est pas rare d’observer un REF en cas de surplus de lait. De la même manière, la présence d’un REF est fréquemment due à une hyperlactation.

Cependant, le corps humain est toujours sujet aux changements, et il arrive de retrouver un l’un ou l’autre de ces phénomènes séparément. 

En effet, une femme peut avoir une lactation abondante avec un réflexe d’éjection normal, ou peut, bien que ce soit plus rare, avoir un REF avec une production de lait normale. 

Quelles sont les causes d’une surproduction de lait ?

La surproduction de lait est une situation durant laquelle la mère produit du lait en trop grande quantité, au point que cela puisse devenir une source d’inconfort ou de stress au quotidien. 

Écoulement hors allaitement, engorgements, douleurs, jets de laits trop puissants, cette situation est source de problèmes pour la mère, et peut rendre les tétées désagréables pour l’enfant.

D’après un protocole mis en place par l’Academy of Breastfeeding Medicine (1), il existe trois types d’hyperlactation

Les hyperlactations auto-induites

Il s’agit d’une situation ou la surproduction de lait est causée par la “mère”. Une expression du lait en dehors des périodes de tétée, l’usage fréquent du tire-lait ou le fait de pouvoir tirer plus de lait pour le stocker (en cas de mère qui travaille) peut mener l’organisme à produire plus de lait que nécessaire.

Les hyperlactations iatrogènes

Dans ce cas-ci, la surproduction est due à une prise de médicaments ou produits galactogène (qui augmentent la production de lait) recommandée par un médecin. Le manque de contrôle étroit du praticien peut mener à une surproduction de lait, et donc un sentiment d’inconfort, voire des douleurs chez la jeune mère.

Les hyperlactations idiopathiques

Enfin, une hyperlactation idiopathique désigne une surproduction de lait dont l’origine n’est pas déterminée.

Si le sujet vous intéresse, consultez notre article sur le contrôle endocrine et autocrine pour réguler son volume de lait maternel.

Comment identifier une surproduction de lait ?

Il est difficile d’identifier une hyperlactation, surtout lors des premières semaines d’allaitement.

En effet, ce terme désigne une surproduction de lait, qui dépasse les besoins du bébé et commence à devenir handicapante pour la maman. 

Le volume de lait produit les premières semaines est naturellement excessif, celui-ci va se réguler dans les semaines qui suivent.

Si, après plusieurs semaines : 

  • Vous ressentez toujours un malaise lors de l’allaitement
  • Votre bébé s’agite 
  • Vous avez toujours le sentiment d’avoir les seins engorgés malgré une prise de poids normale de votre bébé

Alors, il est possible de suspecter une hyperlactation.

En quoi une hyperlactation pose-t-elle problème ?

L’hyperlactation est un phénomène handicapant pour la mère, mais pas seulement. Si celle-ci subit des désagréments, a le sentiment d’être engorgée, voire ressent des douleurs, la surproduction de lait a également des répercussions sur l’enfant.

En pensant que le bébé doit forcément téter des deux seins sans distinctions, la mère interrompt la tétée du premier sein pour donner le second à son enfant.

Cette interruption volontaire est responsable de : 

Une mauvaise digestion 

Lors d’un excédent de lait, la première partie du lait est riche en lactose, le sucre présent dans le lait, alors que la seconde partie contient les matières grasses. Le système digestif du bébé contient, lui, de la lactase, une enzyme qui permet de digérer le lactose. Or, face à une trop grande quantité de lactose, le système digestif du bébé ne peut plus digérer correctement le lait, ce qui provoque des gaz, des ballonnements ainsi que des selles vertes, mousseuses et explosives.

Un lait peu nourrissant

En retirant le sein au bébé avant que celui-ci n’ait pu boire tout le lait, la mère réduit la quantité de matière grasse qu’absorbe l’enfant. Celles-ci sont présentes en fin de tété, et nécessaires au bon développement et au sentiment de satiété du bébé. 

Changer de sein trop tôt rend donc le lait moins nourrissant, et votre bébé aura rapidement faim de nouveau.

Comment gérer une hyperlactation ?

Une fois identifiée, il est possible de tenter différentes méthodes pour contrôler et réguler la lactation. Si l’hyperlactation possède une cause mécanique ou clinique (si elle est auto-induite ou iatrogène) il est nécessaire de réduire la cause de cette surproduction.

Dans le cas d’une surproduction idiopathique, voici la marche à suivre selon l’Academy of Breastfeeding Medicine : 

Le Block feeding

Le block feeding est la première mesure à adopter. Elle consiste à donner le même sein à son bébé, et cela, dans une période donnée. (2) Une fois ce temps dépassé, la maman alterne avec l’autre sein, pour la même durée de temps.

Le plus souvent, il est conseillé de donner le même sein à son bébé durant trois heures, puis de changer de sein durant trois heures et ainsi de suite. Cette technique devrait aider la maman à réguler sa lactation, et permettre au bébé de boire du lait riche et qui contient tous les nutriments dont il a besoin.

Le Biological Nurturing

La position du biological nurturing doit permettre à la maman de donner de sein de manière plus confortable, et de réguler le flot qui peut être fort en cas d’hyperlactation. (3) La mère est semi-assise sur un canapé ou dans son lit. Le même est posé contre son ventre, la tête au niveau du sein. 

Cette position est également idéale pour permettre un apport en lipide suffisant durant tout l’allaitement. Pour cela, il suffit que la mère masse doucement ses seins ou qu’elle exprime un peu de lait avant les tétées, qu’elle va recueillir dans une serviette.

Les coquillages d’allaitement

Enfin, les coquillages d’allaitement sont un accessoire à la fois esthétique et pratique pour accompagner les femmes durant leurs périodes de lactations intenses. Les fuites sont fréquentes en cas d’hyperlactation. Si vous souhaitez sortir sans risque de tacher vos vêtements, le port de coquillages d’allaitement permet de recueillir les perles de lait de manière discrète et de protéger les mamelons, quelques fois sensibles, des chocs.

Comment réduire la lactation ?

Si les solutions citées plus haut, particulièrement le block feeding, ne fonctionnent pas, alors il est possible d’envisager de réduire la lactation. Cette décision se doit d’être prise conjointement avec un ou une spécialiste, conseillère en lactation, sage-femme ou médecin.

Pour réduire la lactation, deux méthodes sont possibles : 

Les solutions naturelles et les médicaments

Tout comme il existe des produits ou des médicaments galactogènes, il existe des plantes et des médicaments dont l’objectif est de réduire la production de lait. De manière générale, des femmes constatent que le lait de vache et le chocolat noir stimulent le lait maternel.

Certaines tisanes comme la menthe verte, elles, permettent de réduire le volume de lait produit. Dans tous les cas, la décision se doit d’être prise conjointement avec votre professionnel.

La technique du drainage complet

La technique du drainage complet peut être testée avant d’introduire les médicaments. Pour cela, il faut déterminer la tétée qui permet de débuter le processus.

  1. Une heure avant la tétée, videz vos seins grâce à un tire-lait. 
  2. Lorsque bébé voudra téter, nourrissez-le des deux seins aussi longtemps qu’il le souhaite.
  3. Ensuite, chaque période de tétée est divisée en trois heures. Chaque trois heures, allaitez votre bébé du même sein puis alternez.
  4. Si vous ressentez un inconfort au niveau du sein non allaité, vous pouvez exprimer un peu de lait, juste pour réduire la pression.
  5. Certaines femmes préfèrent effectuer des périodes plus longues, au-delà de trois heures, pour que le drainage complet soit réellement efficace.
  6. Enfin, dans le cas où un engorgement douloureux se produit, répétez l’opération à partir de zéro et tirez complètement le lait, au moins 48 h après le premier drainage. 

Pour stocker votre lait en toute securité, consultez notre article sur la conservation du lait maternel.

Réflexe d’éjection fort (REF) : pourquoi mon lait s’exprime fortement ?

Le REF est un état qui peut toucher de nombreuses mères, surtout lorsqu’elles souffrent déjà d’une lactation abondante.

Il arrive à certaines femmes d’avoir un REF tout en possédant une lactation normale, mais ces cas-ci sont moins fréquents.

Le plus souvent, ce sont des seins pleins, voire engorgés, qui provoquent le REF.

Or, cette éjection trop puissante peut être mal vécue par le bébé, qui va éprouver des difficultés à se nourrir, voir s’étouffer et se rentrer du sein. 

Comment identifier un réflexe d’éjection fort ?

Lors d’un réflexe d’éjection fort, on peut observer :

  • Le bébé qui tousse, crachote ou s’étouffe durant les tétées
  • Un jet de lait puissant lorsque bébé se retire du sein
  • Un mamelon douloureux, car le nourrisson le presse pour réduire le flux de lait

Quelles sont les conséquences d’un réflexe d’éjection fort ? 

Un REF n’est pas sans conséquences pour votre bébé. En effet, certains bébés s’adaptent au réflexe d’éjection fort, mais d’autres n’arrivent pas à déglutir aussi rapidement que nécessaire.

Dans ce cas-là, le nourrisson crachote, s’étouffe ou s’éloigne du sein. Il arrive également que bébé ouvre la bouche pour laisser s’écouler le trop-plein de lait.

Un REF mal vécu par votre bébé peut entraîner : 

  • Une mauvaise succion : votre bébé a l’habitude que le lait jaillit sans trop d’effort.
  • Une douleur au mamelon : votre bébé pince votre mamelon pour ralentir le flux.
  • Un rejet de l’allaitement : votre enfant ne veut plus de l’allaitement au sein.

Comment gérer le réflexe d’éjection fort ?

Heureusement, le réflexe d’éjection fort peut être contrecarré ou réduit grâce à des méthodes et des manipulations simples présentées par la Leche League France (4) : 

  • Le block feeding : comme le REF peut être dus à une surproduction de lait, le block feeding permet de réduire le volume de lait donné et d’ainsi éviter les éjections fortes. 
  • Allaiter son enfant en position allongée : Allaiter son enfant avec l’enfant au-dessus de soi, un peu comme la position du biological nurturing, permet de réduire la force du jet de lait grâce à l’action de la gravité.
  • Exprimer un peu de lait à la main avant les tétées : Enfin, il est possible d’exprimer du lait à la main avant les tétées afin de libérer un peu de la pression et réduire la force du réflexe d’éjection.

Réflexe d’éjection fort (REF) et surproduction de lait, les bons réflexes à adopter

Un allaitement n’est jamais parfait, surtout au début. Cependant, malgré les petites difficultés, il reste un instant unique qui relie la mère et l’enfant.

Si vous pensez avoir un REF ou une surproduction de lait, le meilleur réflexe est de consulter un médecin ou un professionnel. Cette personne peut alors vous aider à identifier le souci s’il y en a un, ainsi que le meilleur moyen de le régler, pour vivre la suite de votre allaitement en toute quiétude. 

 

Bibliographie : 

  1. https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/textes-de-l-academy-of-breastfeeding-medicine/2116-gestion-de-l-hyperlactation 
  2. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2075483/
  3. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30807700/ 
  4. https://www.lllfrance.org/vous-informer/votre-allaitement/surmonter-les-obstacles/download/120_96573bf4a5e307305927d7345ed7566f   

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